En guise de témoignage de gratitude
et d’adieu au Val de Consolation

Pour les anciens et amis de Consolation

En guise de témoignage de gratitude et d’adieu au Val de Consolation

Chers amis,

C’est la huitième et dernière fois que les artisans de paix et moi-même vous accueillons pour votre assemblée générale.

Vous connaissez le proverbe africain : « l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse ». Ceci pour dire que les ténèbres et le négatif prennent souvent beaucoup plus de place que le positif et la lumière.

Il y a un autre proverbe chinois que prononçait souvent Marthe Robin: Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres… Alors je ne parlerai que des bougies allumées…

Lorsqu’en 2010, Monseigneur Lacrampe et Claude Gonin m’ont demandé de m’engager à reprendre, et faire vivre, le Val de Consolation, j’ai accepté cela comme une mission.

J’ai fait alors une proposition qui a été acceptée mais je n’avais absolument aucune idée de ce qui m’attendait réellement. Ce sont huit années qui ont été d’une très grande intensité, une vie complète en raccourci, avec ses moments de grande joie, de réussites mais aussi de grandes difficultés, parfois aussi de grandes souffrances .

Aujourd’hui, je vais partir et vous quitter, mais on ne peut pas partir de Conso comme on partirait d’une entreprise économique, les objectifs ne sont pas les mêmes. L’arrachement n’a rien à voir. Ces huit années de vie intense ont fait que nous nous sommes appropriés le Val, nous le connaissons aujourd’hui dans les moindres détails tant on les a parcourus, entretenus, aimés… cascades, forêts, monastère, jardin, chapelle…

Approprié non pas en propriété matérielle bien sûr, mais en osmose de vie.

Nous partons la tête haute, malgré tout, avec le sentiment d’un devoir accompli.

La majorité d’entre vous m’avez bien accueilli et je vous en remercie profondément, vous m’avez, vous nous avez, aidé à grandir, à surmonter des obstacles. Obstacles matériels certes mais aussi obstacles psychologiques.

Plusieurs avaient prédit que nous ne serions jamais capable de passer un seul hiver à conso, que ce serait trop dur. Apparemment, ils se sont trompés… pourtant les conditions ont été bien plus difficiles que celles de leurs prédictions.
Je reconnais en revanche que mon manque de diplomatie et de disponibilité n’ont pas facilité les choses et les relations. Je vous demande de m’en excuser.

Aujourd’hui je ne peux tirer qu’un bilan positif concernant notre mission.

Les visiteurs sont de plus en plus nombreux à visiter le Val.

La fondation du Val de Consolation menacée de liquidation a été sauvée, son patrimoine est resté intact et même très largement amélioré. Son compte en banque est aujourd’hui créditeur grâce à nous, même si l’énorme loyer demandé n’a pas été payé ces derniers temps, et pour cause…

Nous avons construit et équipé une boulangerie, créé les biscuits de la joie, nous avons fait les marchés et livré les boutiques bio de toute la région. C’étaient de très belles actions de communication. Nous avons aménagé, renouvelé et doublé la tyrolienne, refait un toit presque en totalité et réparé les autres, installé 4 salles de bain avec 15 douches et un nouveau système complet de production et de distribution d’eau chaude pour tout le monastère, changé 95 lits et matelas qui étaient inutilisables, nous avons installé une chambre froide à la Source, remplacé plus de 30 radiateurs et autant de fenêtres et tant d’autres choses... Plus d’un million deux cent mille euros ont été engagés en grande partie sur des fonds privés et des emprunts bancaires pour assumer les loyers payés et financer les équipements. Conso n’en avait pas et n’en a jamais eu la capacité économique.

Et aussi ce dont nous sommes fiers, c’est d’être resté ouverts ces huit années 365 jours sur 365, le parc bien sûr mais aussi le monastère et la chapelle dans laquelle tant de personnes en souffrance ont retrouvé la paix et reparties dans la sérénité.

Nous avons évidemment entretenu tous les chemins de randonnée, Daniel Cabat et les bénévoles ont transformé le jardin de curé en jardin pilote.
Nous avons accueilli durant ces années plus de 15 000 personnes pour des stages d’une semaine, ils sont venus de toute la France bien sûr, mais aussi de plusieurs pays d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud, de l’Inde et autres régions du monde. Ils connaissent et parlent maintenant de Consolation. 

De très nombreuses personnalités sont venues enseigner depuis 2010, comme Pierre Rabhi, Jean-Marie Pelt, Cyril Dion, Marie De Hennezel, Jean-Yves Leloup, Philippe Roch, Dominique Bourg, Marguerite Kardos, le professeur Bellepomme, Ravi Shankar, Nassim Haramen et tant d’autres… Beaucoup témoignent aujourd’hui que Consolation est le plus formidable lieu de stage qu’ils aient connu.

Nous avons accueilli les rencontres « grandir ensemble » organisées par Terre du Ciel et Eduka 3000, rencontres magnifiques ou parents enfants et enseignants ont vécu une semaine ensemble pour apprendre à solutionner les problèmes de vie commune et d’éducation difficile.

Nous avons organisé de nombreux stages concernant l’environnement, l’agrobiologie, la peinture, la poterie la musique, le chant etc.

Et puis les salons Nouvelle Terre et les festivals « Musique du Monde etc.

Je remercie la providence qui, sans nous prévenir…nous a laissé nous installer dans les conditions si difficiles reçues. Nous les aurions connues avant peut-être ne serions nous jamais venus…

Nous avons reçu de grandes richesses, de nombreux cadeaux de vie grâce à Conso.
Merci à vous d’avoir été les pionniers bien avant nous. Sans vous nous ne serions probablement pas ici.
Merci au « Val de Consolation » pour toute son énergie qui dépasse l’imagination et qui redresse chaque fois que nécessaire.

Je souhaite une longue et belle vie à nos successeurs avec l’espoir que la nouvelle « Âme » de Conso restera vivante dans les temps qui viennent.

Cette âme qui s’est construite grâce à toute l’équipe des Artisans De Paix qui, tant bien que mal, ont agi pour mettre en pratique l’objet social de notre association qui est comme vous le savez la prière de François d’Assise.

Ils ont accepté en tant que chrétiens et humanistes et en artisans de paix, les cas sociaux, les réfugiés, certains malade en phase terminale et bien d’autres souffrances, ils ont été nombreux accueillis à Conso, ceux qui proches du désespoir ne savaient où aller.
Quasiment tous ont repris goût à la vie, découvert un nouveau chemin, ont trouvé ici une consolation véritable dans la période de vie si difficile qu’ils traversaient.

C’est par centaines que nous avons reçu des témoignages écrits de ceux qui, après avoir passé quelques temps au Val, en stage ou autre, ont tenu à nous remercier pour leur transformation, pour leur réconciliation avec eux-mêmes, avec les autres, avec leurs enfants, leurs conjoints. Ceux qui ont découvert la vraie fraternité et qui la vivent maintenant, ils en témoignent aujourd’hui dans leur environnement car elle est devenue leur priorité. Et ceux qui ont compris qu’il fallait aussi donner l’environnement comme l’une des principales priorités de l’éducation.

Je pourrais vous parler des heures durant des miracles de cette nature, des miracles de toutes natures, qui se sont produits à Consolation durant ces huit années. Que nous soyons ensemble encore aujourd’hui en est probablement un !

Alors je vous remercie du fond du cœur ainsi que l’équipe actuelle et les équipes passées, pour ce que le Val a permis. Je remercie également tous les bénévoles et les salariés qui ont servi Consolation au cours de ces 8 années, ceux d’aujourd’hui ont fait au mieux pour vous accueillir, même s’ils n’étaient pas, comme les années précédentes, au service de cuisine ni de table. Jacqueline et Anne Marie ont mis des fleurs partout dans le monastère et dans la chapelle, les autres ont entretenu et rendu propre les environs.

Enfin, je remercie Marie, « Notre-Dame de Consolation » qui a été, j’en suis sûr, l’instigatrice de notre venue ici.  Elle nous a accompagné, protégé tous les jours sans relâche et c’est elle qui nous a récupéré chaque fois que nécessaire.

Alors à tous adieu, ou plutôt « à toujours ».

alain michel